Sa forme originelle est celle d'une jeune dragonne, ne dépassant pas les 3 mètres de haut, aux écailles épaisses et noires comme l'ébène. Son gabarie fin, tout en longueur, et ses ailes à la membrane d'une finesse presque fragile lui confèrent rapidité et agilité dans le milieu aérien. Élégante et silencieuse, la dragonne se déplace comme une ombre. Ainsi, sa force réside dans ses capacités en vol et en la puissance de sa longue queue, cette dernière s'avérant être une remarquable massue, dotée d'épines d'une quinzaine de centimètres parcourant sa colonne vertébrale. Malgré sa nature de dragon, elle n'a pas le don de cracher du feu, au plus quelques étincelles somme toute inoffensives.

- Tue moi, tue moi, tue moi ...

Un refrain incessant, un parfum de désespoir, une note de peur dans l'air, et le gout, métallique, du sang sur ses lèvres. C'était sa voix, plaintive et teintée d'amertume, qui murmurait inlassablement les mêmes mots, c'était ses larmes qui dévalait sur ses joues pâles … Et pourtant, ce n'était pas leurs mains qui enserraient sa gorge, c'était les siennes qui enserraient la leur. Il n'y avait là pas de logique, pas de raison, pas de but. Juste elle, fébrile au dessus d'un corps inconnu, les pouces pressés sur la trachée d'un homme, hagard, la voix rauque sans avoir crié, il n'y avait qu'elle, elle et le fruit de son angoisse.
L'homme tomba au sol, les yeux exorbités, sans souffle, sans vie. Il n'y avait là pas de remords, pas de regrets, juste de quoi alléger sa souffrance, l'espace d'un instant, au dépit de celle d'un innocent.. N'était-ce pas parfaitement sournois, de déclarer innocent celui qui n'a pas commis de crime ? A quoi bon s'en cacher, elle s'était toujours su quelque peu égoïste, mais qui le saurait, l'homme avachi ici bas, mort de ses mains ?
Alors elle se releva, sans se presser, ce n'était pas comme si quiconque ici aurait pu lui faire ou seulement lui vouloir du mal, pensa-t-elle avec ironie.


Faible, lâche, menteur. Au fond, les plus gros mensonges se cachent toujours sous les plus belles promesses. Encore une fois, ses espoirs avaient étaient déçus, c'était son quotidien, tu m'aimes, tu me mens, je te tue. Elle s'était habituée, en un sens, à cette hypocrisie permanente, qui berçait ses journées et ses nuits, même si la fourberie de ces hommes ravivait inlassablement cette sourde angoisse, hostile, qui sévissait au fond de ses entrailles. Leurs agonies étaient siennes, ils souffraient pour elle, à l'encontre des mensonges proférés. De loin, ça aurait pu paraître criminel, quoi que ça l'était certainement. Il n'y avait pas de quiétude pour les meurtriers, autre que la douce litanie des cris de leurs victimes qui chantaient dans leurs têtes. Pour elle, c'était une amère victoire, mais quand bien même avait-elle parfois du mal à supporter les horreurs commises, c'était aussi un soulagement. Ce n'était pas à proprement parler une vengeance, il aurait pour cela fallut qu'ils lui aient fait subir quelque chose. Mais elle avait des raisons de leur en vouloir. Parce qu'ils mentaient. Tous.
Du premier au dernier, elle avait toujours subit leurs mensonges. Le premier, d'ailleurs, avait surement était le déclencheur de tout ce bordel. Parfois encore elle sentait les marques dans son dos l'élancer. Un chef d'œuvre, avait-dit le responsable. La grande balafre blanchâtre qui apposait une frontière entre ses omoplates et qui s'échouait à la naissance de ses fesses et de son crâne. Droite, presque parfaite, si l'on oubliait sa nature. Juste une épaisse ligne verticale qui suivait sa colonne vertébrale, coquette dans son incongruité. Tout ça à cause d'un homme, qu'elle avait appelé frère il y a longtemps. Au bout du compte il avait été le premier à l'abandonner quand on avait voulu lui apposer cette marque; dans un but parfaitement sadique. Elle se souvenait encore du bruit de ses pas précipités qui fuyaient dans la pénombre de la nuit. Elle n'oublierait certainement jamais. Il lui avait dit, aussi, cette phrase que les hommes aiment bien dire.


Effectivement, les preuves de sa protection étaient gravées profondément dans sa chaire. Balivernes. Peut être avait-elle été trop naïve, trop confiante, qu'importe. Depuis elle ne supportait pas leurs mots, à tous, vouant un culte à son corps, aussi sordides les uns que les autres.
Elle amena ses mains fines devant son visage, fronçant les sourcils en remarquant les bouts de peau coincés sous ses ongles, elle détestait ça. Levant les yeux au plafond de bois sombre, elle poussa un long soupir. Elle ne voulait plus avoir à compter sur quelqu'un, elle n'avait plus besoin de protection. L'animal en elle n'était pas faible, lui, il symbolisait la férocité, la force. Maintenant elle riait d'eux, parce que c'était eux les misérables, c'était eux qui se trainaient à ses pieds, c'était eux qui pensaient voir en elle la femme douce et docile dont ils rêvaient. Et elle ne regrettait rien, rien du tout. Elle ne voulait pas regretter, car ça aurait été avouer une faiblesse, et elle n'était plus faible. Non, elle ne le serait plus jamais. D'un mouvement leste, elle se releva, époussetant la poussière imaginaire sur sa robe, étalant juste le liquide carmin. Le ciel était sombre ce soir là, dépourvu d'étoiles, une nuit sans lune. La porte s’entrouvrit dans un grincement et elle haussa un sourcil en voyant la fillette blonde qui hurla à s'en déchirer les cordes vocales, supposa-t-elle.

- Papa !!

Un rictus s'afficha sur ses lèvres alors qu'elle se demandait si oui ou non il serait mal venu de lui intimer ses plus sincères condoléances. Ce serait sans doutes de mauvais gout. La gamine continuait à secouer son paternel dans tous les sens, sa tête se heurtant fréquemment au sol dans un bruit désagréable.

- Il est mort, tu sais.

L'autre continua à hurler, de toute la puissance de sa voix certainement fluette. C'était de plus en plus désagréable. Carrément insupportable, même. Sa main partit toute seule, et le bruit cessa alors que des grands yeux pleins de larmes la fixait. Ce nouveau silence la détendit, et ignorant la marque rouge sur la joue dodue de la gosse, elle partit. Elle aurait peut être du la tuer, pour effacer les preuves, comme on disait. Mais à quoi bon, sa vie était insignifiante. Elle grandirait certainement dans la tristesse d'un père fantôme, assassiné sous ses yeux, et toutes les conneries du genre. Elle développerait un complexe sur ses amants qui la pousserait à les choisir comme s'ils pouvaient prendre la place de son père, et elle serait immanquablement éternellement à la recherche d'amour et de sécurité. C'était une suite logique aux choses, en soit. Oui, elle aurait pu la tuer, peut être l'aurait-elle du, même. Mais elle n'en voyait pas l’intérêt.
Une petite part d'elle lui susurra qu'ainsi elle ne serait pas la seule à souffrir. Et ce n'était pas son combat, pas sa raison, pas sa cause. Après tout, elle s'était toujours su un peu égoïste.

C'était un soir sans lune, sans étoiles, sans lumière. Un peu comme elle. C'était un soir comme un autre. Un de ceux qui se finissent tragiquement pour un homme, un parmi tant d'autres. Mais tout allait bien, car ce n'était pas leurs mains qui avaient enserrés son cou, ce n'était pas elle qui avait rendu son dernier souffle. Ce n'était pas elle qui avait mal ce soir là. Ce n'était pas elle qui portait le poids de ses souffrances cette nuit. Ce n'était pas elle qui se perdait dans ses larmes, pour une fois.

Vanyamorë est dotée d'un visage doux et délicat, aux yeux félins et à la bouche du même pourpre sombre, mis en valeur par une chevelure ténébreuse s'échouant sur la cambrure de ses reins. Son corps élancé, d'une féminité exacerbée, empreint de sensualité et de grâce, est avantagé par un port de tête fier et une démarche volontaire. Sa peau satinée, au grain parfait, n'est perturbée que par la longue balafre qui suis le chemin de sa colonne vertébrale ainsi que par les quelques tatouages d'un rouge nuancé qui gravitent sur son bras droit et décorent la moitié gauche de son visage. En toute sincérité, elle se sait d'une beauté rare, comme ses attitudes aguicheuses en témoignent, pourtant son visage angélique efface ses provocations. Son aura toute entière dégage cette impression de volupté charnelle, ensorcelante. Délicieusement insaisissable, comme une rose, se cachant sous une apparence si plaisante, qu'on en oublie le danger. Au risque d'y laisser quelques goutes de sang, si ce n'est plus.

Quelque peu perturbée, dérangée, instable psychologiquement … Un portrait peu élogieux de cette jeune femme au passé trouble et au mental saccagé. Ses humeurs varient entre comportement inqualifiable et docilité superficielle. Fourbe, elle s'amuse sans honte de ce que son physique laisse présumer de sa personne. Agressive, sournoise, perverse, aussi … La plupart du temps relativement calme, d'humeur joueuse, elle peut être prise de crises effrayantes. Atteinte d'envies suicidaires autant que meurtrières, fréquemment au contact d'un homme. Les présences masculines peuvent provoquer autant ses instincts sadiques qu'une terreur irraisonnée, conséquences d'un traumatisme poussé. Heureusement elle n'a pas à s'en inquiéter, passant la majeur partie de son temps dans les plaines désertiques.